Anne Durant, institutrice dans une classe de CM2, se souvient avec émotion du jour où elle a involontairement mis une tablette entre les mains d’un de ses élèves dyslexiques de 10 ans. Selon elle, c’était un jour décisif !
Alors que le reste de la classe travaillait dans un atelier d’écriture, elle a prêté une tablette à l’élève et lui a dit de tester la fonction de synthèse vocale. Elle n’avait pas vraiment d’attentes mais Mme Durant s’est dit que la nouveauté et la curiosité du garçon l’occuperaient au moins pendant le temps d’écriture, que l’enfant trouvait généralement très frustrant.
Anne Durant nous a décrit le garçon comme très intelligent mais en raison de sa dyslexie il n’était même pas capable d’écrire une simple phrase. Tout devoir de classe ayant trait à l’écriture le mettait de mauvaise humeur. Alors que Anne guidait le reste de la classe dans l’atelier, l’élève est sorti de la salle et a utilisé la tablette pour exprimer ses idées pour son devoir d’écriture.
Au début, c’était difficile. Mme Durant a déclaré que les premières versions du voice-to-text avaient du mal à capter les sons des jeunes voix masculines, et que certaines de ses phrases donnaient parfois des résultats hilarants. Mais le jeune élève, qui s’est vite pris au jeu, a demandé à Mme Durant s’il pouvait continuer à essayer. En peu de temps, il a réussi à terminé tous ses devoirs d’écriture sur sa tablette et a montré aux autres élèves dyslexiques de sa classe comment l’utiliser.
Nous le savons bien, c’est très difficile d’aider un enfant dys en classe, pourtant, il existe des solutions.
« Prenez un élève dyslexique, donnez-lui une tablette et dites-lui de parler », nous a-t-elle dit. « Vous verrez que les résultats sont incroyables, un enfant qui n’était pas capable d’écrire une phrase complète sera désormais capable de produire des paragraphes entiers.”
Pour Anne Durant, cela ne fait aucun doute que la technologie a changé la vie de ceux qui luttent pour lire et écrire, et que les éducateurs devraient accepter ces changements. Pour les dyslexiques, un clavier et un correcteur orthographique sont des outils indispensable pour leur permettre d’exprimer leurs idées sans un effort monumental.
Une psychologue scolaire et experte en dyslexie, nous a donné des idées et des suggestions sur la manière dont les enseignants peuvent faire des aménagements pour les élèves dyslexiques en utilisant la technologie.
Elle nous dit : « ne demandez pas à ces élèves d’écrire quelque chose de long, parce qu’il va faire un travail terrible. Il va passer beaucoup trop de temps à essayer de tout épeler correctement ». « Laissez-le faire une capture d’écran sur son téléphone, parce que ce n’est pas si important pour lui de transcrire quelque chose. »
Mais pour que les enseignants comprennent vraiment comment la technologie peut aider leurs élèves à apprendre différemment, Anne nous affirme que les enseignants doivent abandonner l’idée que chaque élève va arriver au même endroit de la même manière. Selon elle, la résistance vient souvent d’un malentendu selon lequel il s’agit en quelque sorte de « tricher » lorsque les dyslexiques utilisent la technologie comme une aide.
Mais considérer les accommodements comme de la tricherie met en évidence une idée fausse fondamentale sur les élèves dyslexiques et le travail scolaire : La plupart des élèves dyslexiques n’ont aucun problème à comprendre l’information ; leurs problèmes consistent à obtenir des informations par la lecture ou à partager des informations par l’écriture. C’est pourquoi, comme l’a dit Anne Durant, les technologies qui permettent aux élèves dyslexiques d’enregistrer les cours et de rédiger des essais sur des tablettes sont peut-être celles qui changent le plus la donne.
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Les outils utiles
Les logiciels Speech-to-Text
Des applications comme Dragon Dictation ou VoiceNote de Google permettent aux étudiants d’enregistrer leur voix et de transformer ce qu’ils disent en texte. Cela permet aux élèves dyslexiques qui ont des difficultés à écrire de composer des essais ou des compositions.
Kurzweil 3000
Selon Anne Durant, le logiciel Kurzweil, avec ses fonctions d’aide à l’étude et de traitement de texte, est « phénoménal ». « Les étudiants peuvent mettre en évidence différentes couleurs, ajouter des notes adhésives et vocales, et extraire toutes les notes et les surlignages dans un guide d’étude séparé », a-t-elle déclaré. « Les fichiers peuvent également être exportés dans des fichiers sonores comme les mp3. »
WhisperSync de Amazon
Cette application Amazon permet aux lecteurs de passer de la lecture à l’écoute d’un livre. Ceux pour qui la lecture est épuisante peuvent passer à l’audio pour écouter leur livre pendant un moment. Ils pourront ensuite reprendre la lecture et alterner.
Livres audio avec lecture guidée
La lecture en immersion et le VOICEText by Learning Ally d’Amazon permettent aux lecteurs de lire et d’écouter une histoire en même temps. Chacun est accompagné d’une fonction de texte surligné qui aide les élèves dyslexiques à suivre, leur permettant de lire des livres et de les écouter en même temps/
Livescribe Smartpen
Un stylo informatique spécial qui permet aux élèves d’enregistrer ce qui est dit, ainsi que ce qu’ils écrivent. Ils peuvent taper le stylo sur n’importe quelle note écrite pour rejouer ce qui a été dit pendant qu’ils écrivaient.
Des options gratuites déjà sur les ordinateurs
Anne Durant nous a également expliqué que de nombreux étudiants sont surpris d’apprendre qu’il existe déjà des options gratuites sur leur ordinateur pour les aider à lire et à écrire. Pour Windows, les étudiants ajoutent « la Reconnaissance Vocale » à la barre d’outils d’accès personnalisée ; pour Mac, choisissez « Dictée et parole » dans les préférences système. Et pour Google Docs, cherchez « Saisie vocale », disponible dans un navigateur Chrome.